Editorial : Il faut cultiver son jardin
Ce 24e numéro a des accents très pastoraux. En cette période de l'année, le Luxembourg est un immense jardin. La lumière est généreuse et donne de la beauté aux villes et villages, aux maisons et quartiers. Les jardins publics et privés sont gorgés de vie. On peut à loisir contempler cette nature si riche, si bien entretenue, si sereine. Tout jardin est une plateforme d'échange entre l'homme et la planète. Un exercice de donner-recevoir. Comme le dit Chris, dans le reportage intitulé « Patchwork d'émotions » : la nature est pleine de ressources et d'enseignements qui nous sont utiles au quotidien. L'article « Paradise Garden » donne lieu également à quelques jolis commentaires sur les joies du potager. Donnez à la terre et elle vous le rendra au centuple (Madame Schmit). Après le geste artistique vient le jardinage (Trixi Weis). Cela fait tellement plaisir de planter et voir grandir, puis un jour de cueillir et de manger (Madame Frantzen). Quant à l'architecte Jean-Paul Zigrand, il nous rappelle dans sa tribune libre que « les animaux, les plantes et les microorganismes peuvent être considérés comme des concepteurs qui ont trouvé ce qui marche, ce qui est approprié, et surtout ce qui résiste sur terre ».
A Septfontaines, il y a des villages qui sont encore préservés et qui nous racontent de belles histoires. Des agglomérations élégantes où les bâtisses des hommes construites il y a deux ou trois siècles sont en harmonie avec leur environnement. Mais le mode de vie rural est fragile, les nouvelles générations s'en vont en ville pour vaquer à d'autres occupations que la terre à labourer et les animaux de la ferme. Qu'adviendra-t-il des maisons et des villages de leurs pères ? Qui continuera à cultiver ces ensembles paysagers, qui sont comme un grand jardin en symbiose avec la vallée?
Alors que la sonnette d'alarme est tirée depuis longtemps, alors qu'il est clair que la cupidité du système économique met à sac les ressources de la terre, saurons-nous inverser le cours des choses et remettre au centre de nos vies le respect de la terre ? Pas seulement de la planète en général, mais en revenant au contact direct, plus physique que théorique, avec nos petits jardins cultivés et les pâquerettes dans les champs ?