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L’orchestration d’une nouvelle cité

Rolo Fütterer, ‘masterplaner’ pour Belval-Ouest

À l'occasion de sa récente conférence ‘Interfaces – Schnittstellen' à l'auditorium de la Banque de Luxembourg (organisée par la Fondation de l'Architecture et de l'Ingénierie), nous avons rencontré Rolo Fütterer, du bureau néerlandais Jo Coenen & Co Architekten, ‘masterplaner' du projet de Belval-Ouest – masterplaner voulant dire ‘chef de nombreux solistes talentueux de l'orchestre d'un bureau d'architecte'.

Quelle est la relation entre la notion d'interface et le projet de Belval-Ouest ?

Le projet de Belval-Ouest demande de réfléchir en continu à l'interaction de plusieurs ensembles : l'espace public et les monuments industriels, les deux communes qui se côtoient, les deux pays, les deux départements, les différentes fonctionnalités, les espaces d'habitation, les espaces verts, les institutions scientifiques, les espaces de bureaux, etc. Il faut relier tous ces éléments pour aboutir à une nouvelle qualité de fonctionnement.

Comment analysez-vous la mise en place de ces parties qui qui doivent s'imbriquer l'une dans l'autre ?

Il faut essayer de résoudre à chaque instant les intersections de tout ce qui participe au fonctionnement de la cité.

Tous les projets doivent avoir une relation avec l'existant. Pour la planification de Belval-Ouest, il n'était pas question d'avoir une carte blanche. Il fallait prendre en compte l'histoire et l'esprit du site ainsi que sa relation avec ce qui l'entoure. Tous les jours, il faut récapituler les grandes lignes de la planification et voir comment elles interagissent avec les éléments existants et les projets individuels.

N'y a-t-il pas une certaine artificialité à vouloir transformer un site industriel en une cité nouvelle formée de corps hétérogènes ?

Le monde d'aujourd'hui demande peut-être plus d'espaces ‘artificiels' comme celui de Belval-Ouest. Considérez qu'il s'agit de la transformation de 122 hectares, qui ont servi à l'industrie, en une ville durable. Il s'agit de regagner cet espace pour lui donner une nouvelle utilisation. On n'est pas obligé de sacrifier d'autres sols. Belval-Ouest, c'est aussi la revalorisation d'un territoire de transition entre deux communes du sud – des périphéries qui jusqu'ici étaient dévouées à des utilisations industrielles.

Comment avez-vous géré la communication entre les différents intervenants sur le projet ?

Bien entendu, il a fallu établir des structures de dialogue. Le masterplan, c'est une chose, ensuite il y a le cadre légal et les projets individuels. Il n'est pas possible de faire le management de chaque petit détail. Il faut laisser à chaque architecte sa liberté de manœuvre, tout en communiquant toujours sur la base des grandes lignes. La communication doit se faire non pas à coup de règles et d'idées fixes, mais de recommandations et de partage d'informations. Il faut mettre en avant l'atmosphère du site et l'esprit du projet global. Si on a cette perception, il sera plus facile pour tous de travailler dans le même sens.

Vous considérez-vous comme un chef d'orchestre ?

Le parallèle est intéressant. Le masterplan, c'est la partition. L'interprétation des solistes correspond aux interventions des architectes. Il faut quelqu'un pour faire la communication entre la partition et les solistes. Il faut éviter qu'il n'y ait une cacophonie de l'architecture. Pour cela, il faut une coordination basée sur le dialogue.

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